Les scénarios du forum

— Maryann est une femme raisonnable, qui s'est donnée dès son plus jeune âge un but, et un plan précis pour atteindre ce but. Si elle voulait fonder une famille, l'amour n'était qu'un obstacle, un risque de tout voir échouer bêtement. Ainsi, elle n'a jamais rien ressenti d'autre qu'une profonde affection et un immense respect pour son mari : elle ne l'a pas épousé pour qu'il la fasse rêver ou frissonner, mais parce qu'ils avaient des valeurs et des aspirations communes. Cela va faire bientôt vingt ans qu'ils sont mariés et au moins ne s'est-elle pas lassée de sa compagnie : elle apprécie toujours autant ses conseils et lui parle à cœur ouvert, elle qui se cache d'habitude derrière des sourires de façade.
— Maryann a une fâcheuse tendance à étouffer sa famille. Non pas qu'elle soit une mère poule dans l'âme : elle veut simplement que tout soit parfait, ou plutôt, en accord avec l'image qu'elle s'est fixée. Elle veut que ses enfants soient bien éduqués, brillants et ambitieux. Si elle les pousse régulièrement ou les a forcés à choisir des activités ou des options qu'ils ne souhaitaient pas prendre, elle pense que c'est pour leur bien, et qu'ils la remercieront plus tard. Mais, à présent adolescents, ses enfants se laissent de moins en moins faire, lui en font voir de toutes les couleurs et leur attitude la peine sincèrement. Elle donnerait tout pour sa famille, qu'elle veut irréprochable pour rester à l'abri des ragots en tout genre. De tous, son mari reste encore le plus docile, acceptant sans rechigner qu'elle choisisse ses tenues ou qui est volontiers entré en campagne pour devenir conseiller municipal afin de la satisfaire.
— En ville, Maryann est perçue comme une femme de poigne, à qui on ose rarement s'opposer. Beaucoup l'auraient d'ailleurs volontiers vue siéger au Conseil de Ville et se sont étonnés que ce soit son mari, et pas elle, qui se présente. Elle trouvait simplement que son mari avait plus à apporter à la ville qu'elle, et puis, vu son travail, la médecin n'avait pas trop le temps de faire de la politique, puisse-t-elle se résumer à régler des affaires de voisinage. De la même manière, Maryann est vue, et à raison, comme une personne sur qui on peut compter : jamais un secret qu'on lui a confié ne franchira ses lèvres. Secret professionnel oblige, dit-elle ; en vérité, elle ne supporte pas ce petit jeu de rumeurs auquel se livrent trop d'habitants à son goût. Pour elle, Tenby serait une ville bien plus agréable à vivre sans ces colportages immatures.

— Quand Arthur s'investit dans quelque chose, il ne le fait pas à moitié. Cela a d'ailleurs pu lui causer des déceptions à la hauteur de ses espérances. Toutefois, on peut être certain que lorsqu'il défend un projet, c'est parce qu'il y croit, et qu'il ira ainsi jusqu'au bout. Son rôle de conseiller municipal, par exemple, il le prend très à cœur et veut réellement changer Tenby, en mieux. Que les habitants ou les autres conseillers soient réceptifs à ses projets, par contre, c'est une autre histoire... Heureusement que sa femme est là, quand il s'agit de se prêter aux ronds de jambe exigés en « politique ».
— D'une manière générale, d'ailleurs, il suit volontiers les conseils de sa femme, ou plutôt, se plie sans broncher à ses exigences. S'il n'hésite pas à monter au créneau pour défendre son opinion, il préfère en général ne pas faire trop de remous, du moins, pas pour rien. Et s'il peut s'éviter une scène de ménage en changeant de cravate ou en mettant moins de beurre sur sa tartine pour éviter le cholestérol, il le fait volontiers.
— Il a bien vite compris que les sentiments qu'il éprouvait pour Maryann n'étaient pas réciproques. Cela ne l'a pas empêché de la demander en mariage, en espérant que le temps ferait le reste. Il s'est lourdement trompé : si elle a toujours ri à ses blagues ou apprécié sa conversation, s'ils ont construit et partagé des projets pour toute une vie, avancé dans la même direction, Arthur n'a jamais vu cette petite étincelle animer les yeux de Maryann quand elle le regardait, à son grand regret. Même si, objectivement, il sait qu'ils s'en sortent mieux que la (grande) majorité des couples qu'ils côtoient, de plus en plus régulièrement, il se sent insatisfait de son couple, de vouloir autre chose. C'est donc sans grande surprise qu'il s'est consolé dans les bras de Claire Miller, une fois, puis une autre, jusqu'à ce que leur liaison devienne régulière. Il a la terrible impression de trahir son épouse mais ne sait pas comment lui en parler, encore moins s'il est bien raisonnable de le faire